Titre | Averroès et l’averroïsme latin. Des condamnations à l’acculturation (XIIIème-XIVème siècles) |
Auteur | Alexander ENILINE |
Directeur /trice | Laurent Cesalli |
Co-directeur(s) /trice(s) | Jean-Baptiste Brenet |
Résumé de la thèse | Le travail de recherche esquissé dans ces pages se focalisera sur l’Université de Paris et aura pour but de montrer comment Averroès est passé du rang d’un auteur largement suspect aux yeux de l’Eglise et des théologiens – qui prirent des mesures pour contrer la diffusion de ses idées au XIIIème siècle – au rang de référence incontestée et même obligatoire au XIVème siècle. Pour ce faire, je mettrai l’accent sur deux événements particulièrement significatifs, qui doivent toutefois être inscrits dans un contexte plus large.
La condamnation de 1277 tout d’abord, l’interdiction d’enseignement de 219 thèses à caractère philosophique ou théologique par Etienne Tempier, évêque de Paris. Cette condamnation constitue avant tout une tentative de théologiens conservateurs de mettre un frein à l’émancipation progressive de la philosophie telle qu’enseignée à la Faculté des arts, ainsi qu’au développement d’autres courants à la Faculté de théologie même. Elle vise un certain nombre d’aspects du corpus aristotélicien et de ses commentateurs, problématiques à leurs yeux. Mais elle s’attaque à titre tout particulier à Averroès, dont les commentaires avaient déjà acquis une grande influence en terres latines, et dont la lecture d’Aristote était vue comme particulièrement subversive aux yeux de Tempier et de sa commission. Le Statut adopté par la Faculté des arts de l’Université de Paris en 1340 ensuite, et dont dérive un serment imposé aux bacheliers l’année suivante, leur intimant de ne suivre que la science d’Aristote, d’Averroès et d’autres commentateurs anciens, exception faite des cas d’incompatibilité avec la foi. C’est une véritable rupture par rapport aux mesures prises au siècle précédent, une réelle acculturation d’Averroès, ainsi que la preuve d’un échec des théologiens conservateurs dans leur tentative d’empêcher l’autonomisation de la philosophie. Cet échec ne fut toutefois pas total, preuve en est la clause de compatibilité avec la foi qui demeure une restriction réelle.
Mon objectif est d’expliquer les raisons de cette rupture, comment elle fut possible et quelles en furent les conséquences pour la philosophie médiévale, et cela en suivant plusieurs axes de recherche : •le statut d’Averroès et sa transformation dans les écrits des maîtres ès arts, souvent estampillés comme « averroïstes » ; •le changement du statut d’Averroès, en particulier sous le rapport de certaines questions systématiques précises ; •le rapport des théologiens « concordistes » et conservateurs à Averroès des et le rôle qu'ils jouent dans ce changement; •les points où même les supposés « averroïstes » n’ont pas suivi Averroès et les raisons de ces « infidélités » ; •la variation et l’impact des mesures institutionnelles prises par les autorités ecclésiastiques et académiques à l’encontre du péripatétisme en général et d’Averroès en particulier.
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