The intentionality of emotions: an Austro-German account

Les émotions sont-elles des états mentaux intentionnels ? Il semble intuitif de répondre par l'affirmative, parce qu’elles sont systématiquement dirigées vers des objets spécifiques : on craint quelque chose, on est en colère contre quelque chose d'autre, et pas seulement craintif ou en colère. Les émotions semblent également impliquer des évaluations. Pour quelqu'un, craindre ou être en colère, c'est appréhender l'objet comme dangereux ou offensant. Bien que de nombreux points de vue similaires aient été présentés et débattus dans la philosophie contemporaine, on ne sait pas trop des origines de ce point de vue. Le point de vue selon lequel les émotions sont à la fois intentionnelles et évaluatives trouve son origine dans la philosophie austro-allemande du 19e et du début du 20e siècle, lorsqu'il a été introduit par Brentano et développé par ses étudiants. Dans cette thèse, nous proposons une reconstruction des conceptions originales des émotions en termes de propriétés intentionnelles et évaluatives. Afin d'évaluer la plausibilité de ce point de vue, nous proposons, dans un premier temps, d'étudier le compte intentionnaliste de Brentano sur les émotions, la base de tous les points de vue de ses étudiants. Dans la deuxième partie, nous reconstituerons le débat entre William James et les brentaniens, en soulignant comment cet échange a influencé le développement des perspectives de ces derniers. Enfin, dans la dernière partie de la thèse, nous examinerons les positions contemporaines sur la nature intentionnelle et évaluative des émotions, afin de voir comment les arguments développés par les brentaniens sont toujours pertinents dans les débats contemporains.